La Ballade du Soldat Bardamu
D'après Voyage au Bout de la Nuit
de Louis-Ferdinand Céline
Mise en scène : Eric Salama
Jeu : Frederic Polier
Après s’être engagé aux armées sur un coup de tête sans trop y réfléchir, Ferdinand Bardamu arpente incrédule et effaré les paysages de la seconde guerre mondiale, et nous en livre un récit comico-tragique, peuplé de visions ridicules, grotesques, burlesques et cyniques. Ce récit, c’est une protestation violente, enragée et sans compromis, face à l’absurdité et à l’horreur de la guerre, et par-delà cette dernière, face à la bêtise humaine.
C’est autour des chapitres deux, trois et quatre du Voyage au bout de la nuit de Céline, ceux qui racontent la guerre de 14/18, que s’articule ce spectacle.
Voyage au bout de la nuit est un roman rude, âpre, et désespéré, et pourtant, il y a pour l’acteur une jubilation à dire cette langue brute, chaotique, rapide, emportée dans le flux de l’oralité, à faire exister ces images grotesques qu’elle transporte, à faire opérer cet humour dévastateur que Céline fait jaillir de la désolation.
Avec Céline, la guerre devient Grand-Guignol, et pourtant la poésie reste partout présente. Enfin, c’est avec une profonde intelligence, mais aussi, et cela peut paraître paradoxal, si l’on songe aux pamphlets antisémites qu’il publiera plus tard, une profonde humanité, qu’ici, il conchie la bêtise humaine. Et c’est salutaire.