Dans cette exposition, Christel Voeffray et Stefanie Salzmann explorent les espaces intermédiaires, ces seuils où tout se transforme, se réinvente et interroge nos perceptions du monde. « Étendue liminale » nous invite à découvrir la transition des matières, le passage d’un lieu, d’un état ou d’un temps à un autre. Ce dialogue entre tangible et immatériel reflète des dynamiques sociales, culturelles et environnementales qui façonnent notre relation à l’espace et à la matière.

Christel Voeffray ancre sa démarche dans une réflexion sur les mécanismes invisibles qui sous-tendent les relations humaines et notre rapport à l’environnement. Par le dessin et le pastel, elle questionne les jeux de pouvoir et les rapports de domination qui contraignent nos interactions avec le monde. En recyclant des objets en étain, par un processus de refonte et de moulage, elle enrichit une approche résolument contemporaine où le matériau devient vecteur de sens et de questionnement.

Stefanie Salzmann, elle aussi, tisse un lien intime entre les matériaux et leurs cycles de vie et de métamorphoses. Sa pratique textile, centrée sur la laine de mouton nez noir de sa famille haut-valaisanne, valorise un sous-produit de l’élevage oublié pour le transformer en sculptures et tapisseries monumentales colorées. Elle fait émerger des œuvres qui invitent à une connexion sensible et tactile. Chaque texture qu’elle crée explore le rapport entre l’humain, la nature et le geste, questionnant les notions de temps, de protection et de mémoire.

« Étendue liminale » est une expression poétique et conceptuelle qui peut être interprétée de plusieurs façons :

• « Étendue » évoque des espaces vastes, ouvert, ou illimités, qu’ils soient physiques, mentaux, ou spirituels.

• « Liminale » vient du mot latin limen qui signifie seuil. En termes philosophiques, psychologiques ou culturels, cela désigne un état intermédiaire, une zone de transition ou de transformation entre deux conditions ou états.

« Étendue liminale » est une exposition où le spectateur est invité à franchir ces seuils et à s’attarder dans ces espaces écotones, là où la matière raconte des histoires et le geste devient langage.

Lucile Airiau, curatrice